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L’interview du mois : quid des achats ? Un poste stratégique pour la sécurité de tous, F. Debreuil raconte

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Vous êtes responsable des achats à la Fondation, pouvez-vous nous raconter les dernières semaines ?

F. Debreuil (F.D.) : dans ce contexte inédit, nous sommes tous sur le pont. Aussitôt la crise engagée, chaque jour dès 9h nous nous réunissons autour du Président et des directeurs de la Fondation, moi-même en tant que responsable des achats ainsi que tous les adjoints pour examiner la situation.

On commence par les achats : il est vital de savoir si on va pouvoir disposer ou non de tous les produits dont les collaborateurs ont besoin pour reprendre le travail. C’est une question de sécurité, pour eux, pour leur entourage, mais aussi pour la Fondation qui engage sa responsabilité si un problème survenait.

 

Comment se passent ces réunions concrètement ?

F.D. : Nous nous « réunissons » par téléphone pour chercher des solutions concrètes. Tout le monde interagit, d’où importance de recentrer les actions. Les décisions sont collégiales mais les actions doivent être bien définies. Par exemple, un gros point bloquant concernait l’achat des thermomètres. Impossible d’en trouver. Jusqu’au jour où une chaîne de grands magasins en a vendu : en un sens, on fonctionnait bien car tout le monde a réagi, dans un autre, on a mal fonctionné car tout le monde en a acheté ! D’où l’importance de centraliser les achats.

Le positif, c’est ressentir que l’on fait partie d’une équipe : c’est l’avantage des petites structures et aussi de nos méthodes d’organisation. Je sors grandi de cette expérience, qui d’ailleurs n’est pas terminée : il y aura un avant et un après, rien ne sera comme avant, la reprise, ce n’est pas comme un retour de vacances : là on a tout à refaire, à repenser, nos modes et méthodes d’actions vont changer…

 

Vu la difficulté à trouver des produits, comment cela a-t-il commencé ?

F.D. : Certains fournisseurs sont dans le « panel » de l’AMIPI, d’autres viennent de mon réseau local. Compte tenu, entre autres, de mes activités municipales, j’ai un réseau choletais important.

Après c’est de la curiosité, de la veille… : pour tout avouer, le premier fournisseur de visières je l’ai trouvé via Facebook® ! Il s’agissait d’une entreprise qui fournissait les maisons de retraite, les hôpitaux mais aussi les foyers de personnes handicapées. Je leur ai expliqué que nous sommes une Fondation reconnue d’utilité publique, que nos opérateurs sont porteurs de handicaps cognitifs, et tout ce que cela implique : pour eux, c’est d’autant plus difficile d’être à la maison ou seuls… Il a tout à fait entendu notre rôle d’utilité publique et nous avons pu sereinement passer cette première commande.

 

Votre activité est hebdomadaire, journalière ?

F.D. : C’est du quotidien, c’est très prenant. Nous avons mis en place un système avec les usines apprenantes et inclusives®, Upai®, pour organiser les commandes : les besoins par site en fonction de l’effectif et du stock restant. Il faut toujours anticiper.

Au départ, tout était à construire, il fallait absolument récupérer le maximum de matériel pour que les gens se sentent en sécurité à l’AMIPI, les achats c’est une activité « implicante » et stratégique car ce que je vais trouver va protéger l’employé bien entendu mais aussi l’employeur.

 

Ce contexte du Covid-19 vous a « permis » de vivre votre métier différemment ?

F.D. : Oui, les achats, même si je les gère quotidiennement, n’ont jamais autant été un projet global d’entreprise.

J’ai été témoin d’un grand mouvement de solidarité : certains opérateurs ont prêté leur thermomètre, l’un d’eux est même resté après sa débauche pour que la deuxième équipe puisse avoir aussi son thermomètre : vous connaissez beaucoup d’usines dans lesquelles les ouvriers agissent ainsi ?

Au-delà, j’ai pu observer pas mal d’éléments marquant : voir Joaquim, du service Méthodes, prendre sa voiture pour approvisionner les différents sites ; ou Jules, jeune informaticien, proposer une solution pour ouvrir nos portes sans les toucher grâce à son imprimante 3D ; un fournisseur de la Roche-sur-Yon venir jusqu’au péage me retrouver pour vendre son stock de gants… C’est du « système D » bien orchestré !

 

Justement, pouvez-vous nous parler des relations avec les fournisseurs ? Elles ont changées ?

F.D. : Evidemment ! D’abord, parce qu’il y a bien plus de demandes que d’offres et ensuite parce que je dois acheter des produits « consommables » et c’est nouveau : nous n’étions pas encore les « clients » de nos fournisseurs actuels.

Compte tenu du contexte, c’est d’autant plus important, voire primordiale, de créer du lien.

C’est tout bête, mais lorsque les produits sont livrés, je passe un coup de fil au fournisseur : cela permet d’ancrer un relationnel fort, il pensera à la Fondation AMIPI lorsqu’il sera réapprovisionné. Parfois, on oublie ces choses, c’est pourtant essentiel.

 

Un mot de la fin ?

F.D. : Je suis estomaqué de voir à quel point la Fondation AMIPI est capable de rebondir et de redémarrer même parfois mieux que d’autres entreprises « normales », c’est un vrai plus pour l’insertion de demain. Je vois des personnes flexibles, compétentes, nous vendons des compétences pas du handicap. Nous n’avons pas attendu pour agir, nous anticipons, essayons d’avoir un train d’avance, et ça marche !

On va bientôt s’auto-suffire en masque et on va contribuer à l’élan de solidarité nationale ! Mais ça, c’est une autre histoire, qui montre que nous sommes dans le faire, nous agissons, et nous nous intégrons dans un mouvement national de solidarité comme « Résilience ».

 

Propos recueillis par S. Fleytoux, responsable Communication – Mécénat – RSE de la Fondation AMIPI – Bernard VENDRE.

 
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